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International Meeting of Communist and Workers' Parties
New Delhi, November 20-22, 2009
Rencontre internationale des partis communistes et ouvriers
New Delhi 20-22 novembre 2009
La crise capitaliste internationale, la lutte des travailleurs et des peuples, les alternatives et le rôle des communistes et du mouvement ouvrier
Le monde est confronté à une aggravation de la crise du système capitaliste, accompagnée d'une agressivité redoublée de l'impérialisme pour imposer ses solutions aux peuples et à la montée, partout, du mécontentement, des luttes et des résistances des travailleurs et des peuples.
La crise financière qui a éclaté l'an dernier avec la faillite de grands groupes bancaires et financiers américains s'est propagée à l'ensemble des pays intégrés au système capitalistes. Les Etats capitalistes ont dévoilé ouvertement leur nature de machines d'exploitation et de domination au service des grands monopoles militaro-industriels et financiers. Ils ont mobilisé tous leurs moyens en se portant au secours des grandes banques pour sauver les intérêts de l'oligarchie financière. Jamais dans l'histoire du capitalisme le cynisme de la ploutocratie ne s'était étalé de façon aussi déclarée.
Les centres impérialistes -USA, UE, Japon- se sont tous unis dans la mise en oeuvre de façon coordonnée des moyens de leurs Etats respectifs pour tenter d’enrayer la débâcle des plus grands groupes financiers. Ils se sont unis pour faire supporter les conséquences de la crise par les travailleurs et les couches non-monopolistes. Ils ont réussi à atténuer momentanément le souffle puissant de la tempête que les contradictions inhérentes au capitalisme ont provoquée et obtenir un répit passager dans le développement de la crise. Mais les solutions adoptées sont de nature à relancer inévitablement l’aggravation de l’ensemble des contradictions, à exacerber les conflits de classe. Elles créent de sérieuses tensions dans les alliances de classe tissées de longue date par la grande bourgeoisie pour neutraliser les luttes prolétariennes. Le flot d’argent mis à la disposition des grandes banques et groupes financiers aggrave le déficit des budgets étatiques, gonfle la dette publique, pousse à la hausse des impôts qui frappent de plein fouet les travailleurs pendant que des cadeaux fiscaux de toutes sortes sont accordés aux capitalistes sous prétexte d’encourager l’emploi. La hausse des impôts réduit le pouvoir d’achat des travailleurs et des retraités. Elle accumule les ferments d’accentuation inévitable de la crise de surproduction. Le chômage s’étend, la misère touche des catégories de plus en plus nombreuses. Les tentatives de réduire les déficits budgétaires provoqués par les cadeaux fiscaux aux capitalistes se traduisent par la compression inouïe des effectifs des travailleurs sociaux et un recul de la santé. Les saisies immobilières aux USA en particulier ont jeté à la rue des millions de personnes devenues des SDF du jour au lendemain.
L’unité réalisée pour sauver les banques et tenter d’échapper au krach résultant de l’interdépendance des multinationales, ne peut empêcher le développement de facteurs de rivalités et de contradictions entre les puissances capitalistes en lutte les unes contre les autres pour que chacune puisse d’abord sauver sa peau, malgré les discours sur la nécessaire solidarité et la concertation collective face aux dangers de la crise.
L’impérialisme américain utilise et défend ses privilèges monétaires - qui ne peut se perpétuer qu’en raison de sa suprématie militaires et de l’immense accumulation d’avoirs en dollars dans d’autres pays- pour financer les déficits colossaux de sa balance commerciale et de sa balance des paiements. Il fabrique des billets pour continuer à importer gratuitement des biens qui lui permettent de hausser les taux de profit des capitalistes. Il fait supporter sa crise par les peuples du reste du monde et par les Etats qui disposent de créances énormes sur l’économie américaine et qui courent le risque de tout perdre avec la dépréciation du dollar. Le financement des importations américaines grâce à la planche à billets engendre une inflation internationale que subiront en fin de compte à travers la baisse de leur pouvoir d’achat les travailleurs, les petits paysans, les pays pauvres et non industrialisés.
Tout en maintenant ses liens avec l’impérialisme US, les grandes puissances impérialistes de l’Union européenne tentent de tirer à elles la couverture en pratiquant une politique des taux d’intérêt qui devrait aspirer les capitaux en excédent dans le monde. Il en résulte en réalité des crédits chers et une baisse des investissements productifs qui entretient et étend le chômage.
Les capitalistes cherchent tous en même temps leur planche de salut en délocalisant massivement la production industrielle vers les pays où les salaires sont trés bas. Le capital migre sans cesse et sans qu’il soit possible de maîtriser ses mouvements, plongeant les peuples dans l’incertitude et la perte brutale de leurs emplois. Les anciens pays socialistes dont l’industrie a été détruite par les pays capitalistes, qui ont attiré vers eux des usines délocalisées et se sont massivement endettés pour importer des biens ou financer le logement, subissent de plein fouet la fuite des capitaux. Ils sont à leur tour victimes des délocalisations vers d’autres pays. Leurs travailleurs connaissent une flambée de chômage sans précédent.
Les USA cherchent à sauver la suprématie du dollar en faisant pression sur la Chine pour qu’elle réévalue sa monnaie. Ils ne se contentent plus de la dévalorisation de fait du fruit du travail de la classe ouvrière en échange de créances sur les USA, de bons du Trésor de ce pays. Les USA veulent contraindre la Chine à davantage de concessions.
Les pays pétroliers dirigés par des classes féodalo-capitalistes rentières subissent des pertes importantes de revenus par suite de la réduction des quotas de production et de la baisse du prix du baril de pétrole, corrélativement à la hausse démesurée de leurs dépenses parasitaires de prestige et au détournement des revenus pétroliers. Les classes possédantes tentent de se mettre à l’abri des effets de cette situation, de préserver leurs profits et leur part dans la répartition de la rente pétrolière à travers de sévères mesures d’austérité qui pénalisent les travailleurs et les catégories sociales les plus pauvres de la population. Ces mesures provoquent le mécontentement et l’opposition de larges couches sociales y compris parmi les couches moyennes qui leur servaient de relais dans la défense du système d’exploitation et de pillage.
La crise du système capitaliste provoque une profonde inquiétude au sein de la bourgeoisie et des classes possédantes. Les oligarchies militaro-industrielles et financières redoublent d’agressivité pour maintenir les peuples sous leur contrôle et leur domination, pour continuer à piller leurs richesses naturelles, pour surexploiter leurs travailleurs, pour briser les tentatives d’édification de système sociaux sur d’autres bases.
L’impérialisme américain tente de maintenir son hégémonie et de résoudre les problèmes créés par la crise économique aux dépens de ses rivaux. Avec Obama il pratique une tactique de duperie basée sur des promesses mensongères et le double langage. Les peuples trompés par l’appareil de propagande de la grande bourgeoisie perdent vite leurs illusions. En Amérique latine il poursuite la même politique que ses prédécesseurs, comme la montré le coup d’Etat du Honduras, les pressions continuent sur Cuba, le Venezuela, le Nicaragua, la Bolivie, le Costa Rica et tous les pays qui secouent la tutelle américaine. Au Moyen Orient il soutient de façon inconditionnelle Israël et sa politique d’occupation. Les réprimandes purement verbales qu’il adresse à cet Etat ne font qu’encourager la poursuite de l’occupation des territoires palestiniens. En Afrique les USA et l’UE ne renoncent pas à quadriller militairement le continent sous prétexte de lutter contre le terrorisme et sous couvert de “devoir d’ingérence humanitaire”.
Les USA et l’Union européenne marchent la main dans la main pour imposer leur domination conjointe au Moyen Orient et en Asie et assurer la préservation de leurs intérêts dans la région. Il n’y a pas de contradiction fondamentale entre eux comme le montre le retour de la France dans les structures de commandement de l’OTAN. Des divergences secondaires peuvent apparaître entre ces deux blocs impérialistes dans la course pour le partage des fruits du pillage des richesses des régions convoitées. Ils agissent de façon concertée pour étouffer les mouvements et les résistances populaires dans la région. Ils suscitent des actions préjudiciables aux peuples comme les actions suicidaires en Irak qui leur fournissent des alibis pour poursuivre leur politique d’occupation et d’ingérence dans toute la région.
La crise rend encore plus dangereuses les manoeuvres des ces deux blocs qui multiplient les intrigues aux frontières de la Russie, dont la bourgeoisie oligarchique tente de prendre sa part dans le partage des zones d’influence internationale et en Chine qu’ils tentent de faire éclater en utilisant les problèmes du Tibet et du Xinjiang.
Les menaces contre la Corée populaire planent toujours et se multiplient.
Face à cette crise, partout dans le monde les travailleurs résistent. Ils manifestent leur refus de payer les conséquences de la crise, expérimentent des formes d’action collective. Malgré l’absence dans de nombreux cas de riposte unitaire massive et généralisée à cause de la trahison des dirigeants syndicaux pratiquant la collaboration de classe, les luttes des travailleurs touchés par les suppressions d’emplois, les fermetures d’usines - délocalisées- ne faiblissent pas. L’idéologie de la collaboration de classe a subi des revers importants. La propagande sur la supériorité du capitalisme a perdu de sa crédibilité. La crédulité des catégories de travailleurs inexpérimentés recule face à la dure réalité de l’exploitation capitaliste, à son incapacité de satisfaire les besoins sociaux, à mettre en valeur de façon rationnelle et harmonieuse le formidable potentiel des forces productives existantes. Les syndicats réformistes et les organisations politiques dites de “gauche” cultivent le défaitisme. Ils propagent l’idée que la crise en tant que crise cyclique finira par être surmontée comme les précédentes à condition que les travailleurs soient patients et qu’ils se contentent d’exiger des patrons le versement d’indemnités de licenciement. Ils cherchent à détourner les travailleurs de la voie révolutionnaire et à leur faire peur en leur affirmant que le socialisme “serait pire”. Ils font croire qu’il est possible de sortir rapidement de la crise si les crédits bancaires sont orientés vers la production et non vers la finance. Ils tentent de masquer le fait que la cause fondamentale de la crise n’est pas dans la financiarisation, laquelle n’est en réalité que l’expression de la phase parasitaire du capitalisme à son étape impérialiste, mais dans le coeur de la nature des rapports de production capitalistes. De nombreux idéologues de la sociale-démocratie et de renégats qui avaient jadis appartenu aux partis communistes font semblant de revenir à Marx mais pour le déformer et éloigner les jeunes des conclusions révolutionnaires qui découlent de sa pensée, notamment la question du renversement de l’ordre capitaliste et l’instauration de l’Etat prolétarien en tant qu’instrument de refonte de la société sur des bases socialistes.
La bourgeoisie et la sociale-démocratie orchestrent une grande campagne de criminalisation du communisme pour cacher le bilan tragique de la restauration du capitalisme dans les anciens pays socialistes, étouffer les prises de conscience au sein de la classe ouvrière et éloigner celle-ci de la lutte pour la révolution socialiste. Avec l’aiguisement de la crise du capitalisme cette campagne s’intensifie. Mais la réalité de l’exploitation capitaliste créé les conditions pour la mettre en échec.
Une lutte idéologique sans merci doit être menée contre les faussaires qui poussent à la collaboration de classe et à la recherche de compromis qui ne s’attaquent pas à la propriété des grands moyens de production. Les courants trotskystes sont particulièrement choyés par la bourgeoisie parce qu’ils trompent les travailleurs en cantonnant la lutte des travailleurs aux revendications purement économiques. Ils ne lancent aucun mot d’ordre pour accuser le capitalisme et revendiquer le socialisme et la confiscation des grands moyens de production et d’échange.
En Algérie, les enseignants, les médecins, infirmiers et employés de la santé mènent des actions de protestation contre les tentatives de miner les protections statutaires et pour de meilleurs salaires. Ils sont en train de réussir à créer des cadres de concertation et de coordination échappant totalement à l’emprise du pouvoir. Leurs interventions et leurs luttes représentent un pas très positif dans l’apprentissage de la lutte collective et de l’organisation après des décennies de parti unique anti-ouvrier, même si ces interventions demeurent limitées aux revendications économiques et évitent de poser les problèmes de politique économique globale, même si elles subissent l’influence directe ou indirecte de courants sociaux-démocrates internationaux ou sont la cible de tentatives de récupération par des officines très actives liées à l’impérialisme comme la Fondation Ebert ou le MEPI (USA).
Les ouvriers des secteurs productifs que les ajustements structurels des années 1990 et le terrorisme islamiste dirigé contre les communistes et les progressistes avaient placés sur la défensive renouent progressivement avec les luttes revendicatives. Des grèves éclatent pour la première fois dans des usines du secteur privé et des unités privatisées ainsi que dans de nombreux chantiers de travaux publics dirigés par des entreprises étrangères. Des syndicats se constituent pour la première fois dans ces secteurs et affrontent la répression patronale. Les jeunes travailleurs employés sous contrat à durée déterminée réclament leur permanisation et les mêmes salaires que ceux des permanents. Le mouvement ouvrier commence à faire ses premiers pas dans la lutte de classe dans le secteur privé de création récente.
Les communistes sont placés devant de grandes responsabilités pour contribuer à orienter la combativité de la classe ouvrière et des larges masses dans la lutte contre l’impérialisme et l’exploitation capitaliste. Ou ils réussissent à influer sur le mouvement ouvrier et à créer les conditions politiques et idéologiques pour l’entraîner dans la lutte pour une sortie de la crise économique par l’abolition du capitalisme. Ou bien le réformisme continue à entretenir l’esprit de résignation et dans ce cas la ploutocratie va imposer ses “solutions” qui causeront plus de souffrances aux travailleurs, aux couches laborieuses, à la paysannerie, aux couches intermédiaires et multiplieront les facteurs de guerre et de conflits locaux ou généralisés
La reconstruction de partis communistes enracinés au sein de la classe ouvrière et des masses laborieuses, de partis décidés à abattre le capitalisme est une tâche décisive. Elle passe par une lutte idéologique intense pour démasquer et isoler les réformistes, les partisans de la collaboration de classe sous toutes ses formes et réduire leur influence sur la classe ouvrière. Cette lutte ne peut avancer que si elle est menée en liaison étroite avec les luttes quotidiennes des travailleurs contre l’exploitation, le démantèlement des conquêtes sociales.