Depuis plusieurs semaines, le monde connaît une pandémie de coronavirus entraînant une crise sanitaire. Le Parti Communiste de Belgique tient à saluer la mobilisation héroïque du corps médical qui a œuvré et continue à travailler dans des conditions épuisantes et dangereuses pour répondre à l’urgence.
Ces mauvaises conditions telles que le manque de personnel, le manque d’infrastructures, le risque de saturation de la capacité des lits dans les hôpitaux ont révélé aux yeux de tous une crise sanitaire qui est la conséquence de dizaines d’années de sous-investissement et sous-financement chronique des services publics. Ces politiques de restriction budgétaire en lien avec les traités d'austérité de l’Union européenne ont diminué sérieusement la capacité de l’État à réagir à l’urgence.
Dans ce contexte, le gouvernement fédéral a montré son incapacité à gérer la crise. Les mesures qui ont été prises jusqu’à présent sont incohérentes dans les heures d’ouverture des commerces et des services, gros manque de clarté des mesures… qui, avec l'aide des médias, ont entretenu une psychose. Injustes car le gouvernement, via des fermetures de services sociaux, a attaqué les précaires et sans-abris qui se retrouvent sans possibilité de manger collectivement. Il a restreint les activités de loisirs sans s’attaquer à la production afin de maintenir le profit des entreprises.
Le gouvernement en affaires courantes a demandé ce 17 mars 2020 la confiance au parlement et les pouvoirs spéciaux pour une durée de 3 à 6 mois. Ces pouvoirs spéciaux rappellent de très mauvais souvenirs (Martens-Gol dans les années 80) et ont souvent comme résultat de profondes régressions sociales. Si dans le contexte actuel, les pouvoirs spéciaux nous sont présentés comme utiles contre le Coronavirus, ce sera surtout pour approfondir les politiques d’austérité budgétaire imposées par la commission européenne et laisser la place à davantage de répression de l'État. Ces politiques déjà responsables de la crise actuelle (diminution du pouvoir d’achat, fiscalité supportée essentiellement par le travail, etc.) aggraveront les régressions sociales notamment dans le domaine de la santé et l’accès aux soins.
Ces inquiétudes sont fondées sur l'expérience du passé.
On peut clairement affirmer que les remises de cotisations sociales ne garantissent nullement les emplois et les cadeaux fiscaux ont des conséquences néfastes sur le fonctionnement des services publics qui doivent aujourd’hui faire face à l’urgence. Ces mesures masquent à peine un approfondissement de la crise du capitalisme qui s’est manifestée par la chute des cours boursiers début mars et qui mènera à terme à une nouvelle concentration de capital. Tandis que les bourgeois et les capitalistes spéculent effrontément sur les produits de première nécessité (alimentaire ou sanitaire/médical), la crise actuelle a démontré que sans les travailleurs, il ne pourra y avoir de lutte efficace contre la propagation d’un virus.
Il n’est pas question d’unité nationale avec ceux qui attaquent nos droits depuis des dizaines d'années, spéculent contre notre santé, exercent une pression patronale qui nous épuise et nous stresse affaiblissant ainsi nos défenses immunitaires. Les travailleurs ne doivent pas payer pour leur crise. C’est pourquoi le Parti Communiste de Belgique soutient les revendications immédiates des travailleurs :
- Des mesures immédiates pour les précaires directement attaqués par les restrictions du gouvernement. Entre autres : suspension du remboursement des crédits hypothécaires en cours, des saisies, assouplissement des règles de la médiation de dettes.
- Mesures urgentes pour les sans-abris : réquisition des bâtiments vides, récolte et distribution de foulards quand un masque n’est pas disponible, distribution de gel désinfectant, utilisation des stocks de nourriture de l'état et de l'UE pour pallier à la fermeture des abirs de jours et de l'Horeca.
- Distribution et équipement des lieux de travail de gels hydroalcooliques, de masques et de gants, adaptation des équipements pour éviter le contact ou les projections, nettoyage systématique des claviers, écrans et autres appareillages
- Le maintien des salaires complets des travailleurs par une taxe de crise sur les dividendes
- Des revenus de remplacement à hauteur des rémunérations pour les livreurs des plateformes (Uber, Deliveroo…) à payer par les plateformes elles-mêmes qui font du profit grâce à la crise
- Recrutement de personnel médical et de médecins
Le PCB salue les dizaines de milliers de travailleurs et leurs délégations syndicales, comme par exemple chez Audi, qui luttent pour arracher ces conditions et l’arrêt temporaire de la production non-essentielle. Ils appliquent les paroles de l’Internationale « producteurs, sauvons-nous-mêmes décrétons le salut commun » qui rappellent la nécessité défendue depuis longtemps par le PCB de nationaliser les secteurs clés de l’économie pour que les travailleurs reprennent en main leur destin avec une planification pour répondre aux besoins réels.
Le PCB soutient ainsi l’exigence de nationalisation du secteur de la santé et des groupes pharmaceutiques pour maintenir l’emploi et assurer la continuité de la production des produits de base pour notre santé.
Ne nous laissons pas tromper par les mesures des gouvernements bourgeois : quels qu’ils soient, ils appliqueront des mesures antipopulaires et privilégieront les intérêts des monopoles plutôt que la santé des travailleurs ! Organisons-nous et luttons pour une société socialiste !